Younes BENKIRANE - BILLET DE BLOG 7 DÉC. 2020

 

 

Horreur des attentats que subit notre pays. Charlie Hebdo. Dérive droitière à l’encontre de la communauté musulmane.

Ceci est la réflexion d’un auteur né marocain, musulman. Devenu Français et agnostique mais assumant

son éducation et sa culture musulmanes.

 

Biberonné à la laïcité : celle du respect de tous et d’une tolérance conçue, vécue et pratiquée comme acceptance

pleine de son prochain.

 

 

 

Il est de bon ton d’intimer aux musulmans de s’exprimer sur les sujets brûlants dont ils sont l’objet… et de refuser pourtant de les publier lorsqu’ils s’expriment ! Cette tribune, dernière parmi plusieurs, a été ainsi ignorée, comme les autres, par plusieurs rédactions. D’où vient cet acharnement à condamner au silence tant de citoyens ? Pour parler à leur place et leurs faire dire ce qu’ils ne disent pas ? Perverse disposition des médias, audiovisuels et écrits, à ne faire parler de l’Islam que des détracteurs de l’Islam… ou des imams indigents ne sachant pas aligner deux phrases et érigés au statut de représentants d’une religion et d’une communauté ! Pourquoi ? Et jusqu’à quand ? 

 

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Le terrorisme aveugle et barbare a encore frappé. Après Charlie et l’hyper Casher, après Nice et Saint-Etienne du Rouvray, après le Bataclan et le Stade de France, après tant d’épisodes impossibles à lister, le voilà s’invitant jusque dans l’école de la République avec l’assassinat sauvage d’un professeur d’histoire. Le voilà frappant Nice pour la 3ème fois. La voici frappant Vienne. La liste est longue. Et risque de s'allonger encore.

 

Ces attentats sont d’une horreur paroxystique. Sauvages et cruels. Inadmissibles et révoltants pour tout Être humain. Tous, ou quasiment, sont l’œuvre d’individus gorgés de haine et de ressentiment, travaillés avec méthode par une idéologie ténébreuse se réclamant d’un Islam dévoyé. Islam qui, lui, n’a rien demandé. Ni approuvé.

 

Une colère sourde et légitime nous prend à la gorge. Nous voulons, tous, que cela cesse. Nous voulons que notre pays retrouve la paix et sa joie de vivre, qui n’ont été que trop entamées déjà par le fléau sanitaire en cours. Cette colère, aussi légitime soit-elle, nous devons la maitriser car la colère rend aveugle et est toujours de mauvais conseil. 

 

 

 

 « La colère est une maladie de l'âme qui s'enracine dans l'impatience et l'orgueil » (dicton)

 

 

 

Je suis né musulman. Je vis en France depuis quasiment 40 ans. Je suis Français. La France est le pays qui m’a accueilli, offert le gîte, le travail, la sécurité sociale, une liberté d’expression, une sécurité et des garanties qu’on n’a pas ailleurs. Si j’ai pu, comme tant d’autres, être intégré, fonder une famille, bénéficier des richesses de ce pays et y contribuer à mon tour de tout ce qui me constitue, notamment de mon histoire, de ma culture et de ma force de travail, beaucoup par contre, beaucoup trop, ne l’ont pas été et sont restés à la marge de la société. Notre devoir est de leur tendre la main et de les aider à être France. A faire France. Non d’en faire des boucs émissaires de tous les maux que connaît notre pays. Ils méritent, autant que le reste de la population, d’être protégés contre la pauvreté, la ghettoïsation (associée à tort à du communautarisme), la haine. Ils ont besoin d’être protégés contre les sirènes pernicieuses du fanatisme de l’islamisme radical. Non d’être rejetés et stigmatisés par une politique absolument contre-productive qui, au contraire, les jette tête la première dans les bras dudit fanatisme. Par ressentiment. Non par adhésion. 

 

La France, celle des nobles valeurs de toujours qui ont abouti à la Déclaration des droits de l’homme, et qu’elle a scellées à force de combats et de sacrifices, valeurs inscrites aux frontons de nos écoles, est un pays, par excellence de par le monde, digne d’estime et d’amour. Un pays que j’aime. Que nous aimons. Nous en sommes tous citoyens. Libres et égaux en droit. Fraternels, sans distinction de nos origines, de nos croyances ou de nos religions, de nos couleurs de peau, de nos pensées. 

 

Je suis citoyen de ce pays, pleinement Français, et je reste pourtant si marocain. L’identité, plurielle. Je suis intégré ici et là. Et riche, si riche de Diderot et d’Averroès. De Platon et d’Avicenne. De Brel et d’Oum Kalthoum. D’Edgar Morin, d’Ormesson, Sartre, de Beauvoir ; et de Khayyam, Chraibi, Mernissi, Chebel. De Gisèle Halimi et d’Abderrahim Berrada. D’Hyppocrate et de Razi. De Jaurès et de Ben Barka. De Marie Curie et de Moncef Slaoui. Je suis Français fier de mes histoires troublantes et riche de toutes mes histoires. Je ne tue point. J’écoute les vents de l’Histoire et me pose toutes les questions que ce monde provoque. Je n’aime et supporte que la mort naturelle. La violence, dans tous ses états, n’est pas ma sœur.  

 

A chaque attentat terroriste j’ai réprouvé, dénoncé la violence et le meurtre, participé à la mobilisation contre l’horreur. J’ai déposé, avec chaque membre de ma famille des gerbes de fleurs en hommage aux victimes. J’ai clamé ma solidarité avec Charlie confronté à l’odieux assassinat de ses journalistes, appréciables et appréciés, et dont le droit à la caricature est évidemment incontestable. Suite à l’assassinat monstrueux du Père Jacques Hamel, je me suis mobilisé avec l’ensemble de ma famille –frère, épouses et enfants– et nous avons participé à la messe du dimanche, en l’Eglise Ste Anne du 13eme arrondissement de Paris, pour témoigner notre soutien à la communauté chrétienne et dénoncer la haine, la violence, le meurtre, la barbarie... 

 

Et cependant, non : je ne suis pas Charlie.

 

Je soutiens le droit de Charlie à la caricature. Je suis solidaire des familles des victimes. Je suis solidaire de Charlie face aux menaces qui pèsent sur le journal et ses employés... Mais je ne veux en aucune façon me laisser identifier à une ligne éditoriale devenue belliqueuse. Et ce, depuis l’intrusion de Philippe Val dans cette institution du rire et de l’impertinence qu’était Charlie depuis la disparition de Hara Kiri. Une ligne, et un entêtement, qui ont largement prouvé leur nuisance sur notre communauté nationale. En publiant les toutes 1ères caricatures, dirigeants et dessinateurs de Charlie n’auraient pu imaginer l’impensable. Et son ampleur. Mais lorsqu’ils ont vu, avec nous tous, le déluge de conséquences que cela provoquait auprès de centaines de millions de personnes s’estimant offensées, et manifestant de par le monde défigurés par la rage, la douleur et la colère, Charlie aurait pu cesser. Aurait dû cesser. Non pas en considérant céder leur liberté de caricature à la pression de la rue ou d’une idéologie semant la terreur. Mais en considérant faire preuve de sagesse, de hauteur. D’apaisement. Distinguant entre son droit à la dérision et à la critique ( y compris évidemment de l’Islam), et entre l’insulte abjecte et avilissante au point d’en être suspecte d’arrières pensées politiques. Elle participerait ainsi à lever l’épée de Damoclès qui depuis pèse sur nos têtes.

 

Certes, la vertu de la sagesse n’est pas donnée à tous et nul n’y est contraint. Cependant la guerre n’est plus à nos portes : elle est désormais de tous les jours. Nombre de responsables politiques, journalistes, faiseurs d’opinion, sèment, depuis de si longues années çà et là, avec le silence complice de médias officiels, les germes d’une guerre civile fratricide qui ne manquerait pas de déstabiliser encore plus notre pays. En criant tantôt à la vengeance, tantôt à la privation de droits, tantôt à la stigmatisation et la vindicte ; en appelant à repérer et traiter les citoyens qui ne seraient pas Charlie, en les essentialisant : n’est-ce pas ce à quoi ils contribuent ?

 

Pourtant, ce n’est point le fait de mettre le Prophète en caricature qui est réellement en cause ! Car, franchement, qui serait au courant en dehors de quelques centaines ou milliers d’abonnés ? Ce qui est cause, c’est de caricaturer le Prophète de 2 milliards d’habitants –un quart de la population mondiale– de manière offensante et scabreuse. Dans des positions obscènes. Avec des relents indéniables de morgue et de mépris à l’égard d’une religion et de ses croyants qui ont déjà bon dos. Ne tirons pas sur l’ambulance. 

 

 

 « Les conséquences de la colère sont beaucoup plus graves que ses causes » (Marc Aurèle)

 

 

L’histoire a voulu que nous ayons bouffé du curé pour se libérer du joug de l’Eglise alors : pourquoi ne boufferions-nous pas de l’imam ? Il se trouve que les musulmans s’en foutraient sans aucun doute ! Ils s’en combleraient même de joie et s’en étoufferaient volontiers de rire. Cela aurait une vertu pédagogique : nombre d’entre eux apprendraient à apprécier la caricature, laquelle ne fait partie ni de leur culture ni de leur histoire. Cela participerait de l’intégration. 

 

Cependant, bouffer du Mahomet n’est pas simplement s’attaquer à un individu, mais au sacré d’une large frange de l’humanité, forte de 2 milliards d’adeptes. Notre loi garantit le droit à la libre caricature et nul, et certainement pas moi, ne le remet en cause. Que serait en effet l’humour sans Cabu, Cavanna, Gottlib, Siné, Sem et tant d’autres qui nous font ou nous ont fait rire quotidiennement par leur impertinence ? Que serait la une du Monde sans Plantu ? La vérité, c’est que nous ne sommes pas face à un problème de liberté d’expression, ni de liberté de caricaturer. Nous sommes confrontés à l’entêtement de Charlie dans une relance inutile de la machine du ressentiment, dans l’excitation de fous furieux enragés par l’insulte de leur prophète présenté dans des positions obscènes. Ce qui a des répercussions tragiques non seulement sur notre sécurité quotidienne et notre liberté de mouvement en France, mais aussi des implications mondiales.

 

Nous nous retrouvons ainsi toutes et tous –institutions, gouvernants, administrations, personnel diplomatique… et soixante millions de femmes, d’hommes et d’enfants, Français– pris en otage. Entre des fanatiques prétendant parler au nom d’une religion et qui sèment la terreur et la mort, et des galopins s’entêtant à vouloir exciter avec méthode et régularité leur colère en les offensant à répétition au nom d’une soi-disant sacralité du droit au blasphème. Beaucoup, intellectuels, observateurs de la vie politique française, mais aussi responsables de l’Eglise, ne cessent pourtant d’alerter : si la devise de la République commence par Liberté, elle se poursuit par Egalité et Fraternité. Triptyque indivisible signifiant que l’un sans l’autre pèse bien peu. Or, la liberté d’expression et l’égalité devant elle sont bafouées par le traitement médiatique qui rend impossible, depuis maintenant plusieurs années, d’exprimer un avis différent ou nuancé du devenu rituel « Je suis Charlie ». Le 12 janvier 2015, sur une chaine de télévision publique, un responsable du service politique de France 2 allait même jusqu’à appeler à « repérer » et « traiter » ceux « qui ne sont pas Charlie » ! Pour les livrer à la vindicte populaire ? Les criminaliser ? Les punir ? Est-ce donc cela la liberté d’expression ? Ou ce concept n’est-il qu’un alibi pour affirmer un insupportable 2 poids 2 mesures dont l’actualité s’est faite une spécialité ? Aujourd’hui le maire d’une grande ville appelle à priver de droits une communauté parce que des citoyens en son sein ont commis des crimes ; fustige l’islamo-gauchisme, concept opportun pour amalgamer la gauche traditionnelle et les islamistes et acter encore plus le glissement de la pensée vers une droite extrême. Il appelle à une législation d’exception. Une personnalité médiatique, pourtant avocat de profession et sachant le sens et le poids des mots, a appelé, impunément, à « venger » la mort de Samuel Paty. Un éditorialiste certes pétillant d’intelligence mais maintes fois condamné par la justice de notre pays, sème de manière diabolique une islamophobie assumée sur les plateaux et dans la presse écrite. La pensée d’extrême droite envahit les plateaux impunément avec la complicité coupable de moult rédactions de la presse écrite et télévisuelle. Des pages entières ne suffiraient pas à lister ce glissement de la pensée vers la stigmatisation, la haine et l’idéologie de guerre qui défigurent notre esprit des Lumières.

 

La Fraternité, troisième socle de notre devise, sous-tend que Liberté et Egalité doivent être mises au service de l’unité, de la concorde, de la paix et du vivre ensemble. Dans notre devise, la fraternité n’est rien sans l’égalité, qui n’est rien sans la liberté, qui à son tour n’est rien sans la fraternité. 

 

 

 « Qui sème la colère, récolte le chaos » (Issa Sivis)

 

 

Quand un citoyen commet des crimes ou délits, il doit être puni par la loi sans distinction de son origine, religion, ou couleur de peau. Lorsqu’un citoyen commet un crime ou délit, il n’est pas un Blanc ou un Noir, un Juif ou un musulman. Il est un citoyen français qui a dérapé. Et fauté. Des lois existent pour cela : elles doivent être appliquées. Avec la sévérité requise. Et dans le respect des règles du droit. Il est urgent de cesser l’amalgame, la stigmatisation. Urgent de cesser de privilégier la parole de ceux qui jettent de l’huile sur le feu. Ils sont nombreux. Tous comme le sont les médias et les émissions qui leurs accordent une place non seulement imméritée mais qui plus est soutenue. Et continue.

 

La France est un pays attractif et de cela elle devrait s’enorgueillir et s’honorer. Car cela signifie que ses valeurs sont appréciées pour leur noblesse. Elle ne doit pas s’enfermer dans la peur. Ni dans le repli sur soi. Ni encore moins dans une supposée guerre de civilisations. La guerre que nous devons mener ici c’est contre une idéologie qui prône la haine, la violence, la mort, la terreur. Non contre une religion dont cette idéologie se prétend. Ni contre une communauté du sein de laquelle quelques brebis galeuses veulent propager la mort et l’effroi. Les semeurs de haine et de pensées funestes existent dans toutes les communautés, toutes les couleurs de peau, toutes les religions et idéologies, toutes les couches sociales. Il faut les distinguer par leurs idées funestes et leurs actions mortifères. Non par leur appartenance. 

 

Voulons-nous gagner une guerre contre la terreur… ou allumer des incendies et verser de l’huile sur le feu ? C’est par nos actes et nos comportements que nous ferons la France de demain. A nous de choisir si nous voulons la fraternité, la guerre civile, la guerre des religions ou la guerre des civilisations. L’avenir se construit par les politiques d’aujourd’hui. En tirant les leçons des politiques d’hier. Il ne faut pas avoir la mémoire courte. Nous voyons aujourd’hui germer des pensées guerrières qui sont de mauvais augure pour l’avenir. Si nous voulons gagner cette guerre contre la terreur, alors il faut lever d’un bras la force de la loi –police et justice–, et de l’autre l’Amour, qui doit présider de façon critique et autocritique à notre pensée. Non l’amour candide de celui qui tendrait la joue à son agresseur, mais un amour actif et combattif, déterminé à bâtir le meilleur et à désarmer ceux dont la pensée est rongée par l’aigreur et la haine.  

 

Younes BENKIRANE

Ecrivain, ancien journaliste

 

 

(*) Catherine Rambert, philosophe 

 

Lettre ouverte à Éric-Emmanuel Schmitt :
« Non, pas vous ! »

Younes BENKIRANE - BILLET DE BLOG 26 AVR. 2018

 

 

Je me reconnais pleinement dans cet énoncé, juste et fort, et le revendique comme partie inhérente de mon Être :

« L’antisémitisme n’est pas l’affaires des juifs, il est l’affaire de tous ».

 

 

 

Cher Éric-Emmanuel Schmitt,

 

Je suis né musulman, d’une famille qui m’a inculqué la générosité, l’humilité et, mieux que la tolérance ­­­­­­­­- étymologiquement équivoque- la considération de l’autre comme mon égal, et ce, quels que soient sa religion, sa couleur de peau, sa richesse, son niveau social. Mes parents, croyants pratiquants, ont fait plusieurs fois leur pèlerinage à La Mecque. Issus, tous deux, de la riche bourgeoisie marocaine, ma mère a voué chaque jour de sa vie de mère à sa relation sereine avec Dieu, à l’éducation de ses enfants… et à la solidarité avec les démunis, qu’elle invitait à sa table, sans jamais les prendre de haut ; mon père, lui, bien que devant tenir son rang, trouvait son contentement une fois en compagnie des ouvriers et bergers après les rudes journées dans la ferme familiale. Leur priorité de parents, avant même notre réussite, était que nous ne manquions jamais de respect à notre prochain, plus encore s’il devait être moins riche, moins bien habillé, moins bien loti. Notre priorité, nous leurs enfants, aujourd’hui, est encore strictement la même. Ils n’ont jamais prôné qu’amour pour toutes et tous, musulmans ou non, croyants ou non, sans distinction ethnique, ni de couleur de peau, ni de religion. Ils ne sont pas, loin s’en faut, en terres d’Islam, une exception : tout musulman digne de sa foi, comme tout être digne de son humanité, quelle que soit sa religion ou couleur de peau, en France comme ailleurs, se veut vivre en harmonie avec ses voisins, les respecter et les chérir, conscient -ou non- que sa respectabilité provient non de sa richesse, de sa position sociale, mais de sa propre capacité à respecter et à aimer son prochain.

 

Bien sûr, tout n’est pas si blanc : il existe aussi en ces terres d’Islam, comme en France et en toutes régions du monde, des personnes aigries ou débordées de ressentiment, des personnes que la misère, la jeunesse ou les conditions sociales ou économiques, une asthénie de l’âme, de mauvaises fréquentations, entraînent ci ou là sur des pentes assassines. Certains en arrivent à voler, d’autres à haïr. Parfois à tuer. Pour toutes sortes de raisons. Parfois simplement parce que la tête de leur victime ne leur revient pas, parce que sa couleur de peau, sa religion, son appartenance ethnique. Cela s’appelle le racisme. Mais le racisme est un et indivisible, qu’il soit antisémitisme, islamophobie, racisme anti-Noirs ou anti-Arabes, anti-Roms ou anti-asiatiques. Les musulmans n’ont pas l’apanage de cela. Rappelez-vous : le Ku Klux Klan ; Hitler ; les Croisades ; l’esclavage ; le génocide des Indiens d’Amérique ; l’apartheid en Afrique du Sud hier, et ce que d’aucuns qualifient d’apartheid aujourd’hui en Israël ; le napalm au Vietnam et ailleurs ; la colonisation à des « fins civilisatrices » et ses centaines de décapitations de civils comme autant de trophées, notamment en Algérie ; l’exposition de Noirs dans des zoos humains pour le centenaire de la Révolution française ; la colonisation dans les Territoires occupés et les exactions érigées en système à l’encontre des Palestiniens ; les massacres de Kanaks ; les Algériens jetés à la Seine… les 6 millions de victimes juives de la Shoah ! Ce ne sont pas que je sache des productions de l’Islam.

 

Or vous avez apporté votre caution morale à un « Manifeste contre l’antisémitisme » qui, sous couvert d’appeler à l’union de tous contre cet immonde fléau, musulmans compris, pointe du doigt l’ensemble des musulmans et les essentialise comme « bourreaux des Juifs », passant sous silence toutes les autres formes de racisme gangrénant la France depuis déjà 2 ou 3 générations.

Les Musulmans « bourreaux des Juifs » ?! Rien que ça ?! « Épuration ethnique à bas bruit » ?! Rien que ça ?! Faudrait-il entrer dans des calculs indécents et macabres ? Comparer par exemple 11 Juifs assassinés par des « musulmans » en 10 ans, aux 27 Palestiniens (et 1500 blessés) tués en une seule journée d’une balle dans la tête par des snipers israéliens célébrant chaque nouvelle victime dans d’odieux cris de joie ?! Simplement parce que Palestiniens.

 

Non. L’abject antisémitisme qui ronge certains musulmans n’a rien à envier à l’immonde islamophobie qui ronge la France depuis de nombreuses années déjà. Mais je ne ferai pas d’amalgame : l’islamophobie n’est pas une affaire juive, elle concerne tous les Français, sans distinction de religion ou couleur de peau ! L’antisémitisme n’est pas une « affaire musulmane ». Autant que la lutte contre l’antisémitisme ne devrait pas être une affaire juive.

 

Quelle que soit la noble cause de la lutte contre l’antisémitisme avancée par les rédacteurs de cet appel, vous auriez dû vous méfier dès lors qu’il était rédigé et soutenu par un groupe réputé pour son laïcisme primaire, sourd à toute tentative de dépassionner le débat, et composé de politiciens cyniques et d’ « intellectuels » professionnels de la stigmatisation des musulmans.

Vous savez pourtant -mieux que beaucoup- que le meilleur moyen de combattre le mal n’est pas la stigmatisation, mais la pédagogie (et la justice lorsque le cas s’impose). 

 

Les Évangiles et le Talmud regorgent également de propos intolérables, d’appels au meurtre notamment à l’encontre des homosexuels, mais pas seulement. Si nous voulons vraiment un rapprochement entre les humains, entre les citoyens de ce pays, ne devrions-nous pas appeler l’ensemble des religions à travailler ensemble pour faire prévaloir leur humanité et leur concorde, et opérer lorsque le contexte le permettra un nettoyage de leurs textes. L’ensemble des textes. Non le Coran seul, accréditant l’idée que l’islam dans son entièreté -et lui seul- serait fait de haine de son prochain. 

 

Et puis, pouvons-nous nous interroger : en faisant injonction aux religions à nettoyer leurs textes sacrés,  ne courons-nous pas le risque de dévoyer les Textes, de nous retrouver sans Ancien Testament, sans Bible, sans Thora, sans Coran, sans Tables… sans Histoire ? Je n’ai pas de réponse pour ce qui me concerne, mais la question ne mérite-t-elle pas d’être posée ?

L’antisémitisme n’est pas l’affaire des Juifs, il est l’affaire de tous. L’islamophobie n’est pas l’affaire des musulmans, elle est l’affaire de tous. Vous qui avez si sublimement conclu votre merveilleux « Fils de Noé », vous ne pouvez ne pas savoir tout cela, ne pas saisir le véritable enjeu de la démarche, qui est l’exploitation d’un mal immonde pour mettre les musulmans au banc des hommes.

L’antisémitisme n’est pas l’apanage de l’Islam, ni des musulmans. Le souligner n’est point vouloir dédouaner l’islam, ni les musulmans. Mais de dire haut et fort que, non ! l’Islam ni les musulmans ne sont cela. Que quelques passages, tout aussi scandaleux soient-ils, ne font pas le Coran, ni les musulmans.  

 

 

Cher Éric-Emmanuel Schmitt,

 

Petit, nous habitions le quartier juif de Casablanca, rue Verlet Hanus et, recevant un jour une de ses voisines juive, alors qu’elle servait le thé et qu’elle en renversait incidemment par terre, ma grand-mère  exprima son regret à travers une formule machinale -nullement malveillante, en tous cas sans intention malveillante- censée être une sorte de oh, pardon - oh, zut... sauf que ladite formule, traduite mot à mot, dit « que Dieu éparpille les juifs ». Le réalisant, elle s’en excusa et en fut marrie. La consolant, la voisine mit sa main sur la sienne et lui répondit « t’inquiètes pas Hajja, ne culpabilise surtout pas, chez nous aussi dans de telles circonstances on dit : « que Dieu éparpille les musulmans ». J’ai gardé de cette anecdote, dès petit, que ce genre de formule, quelle que soit sa violence ou sa cruauté, n’exprime pas nécessairement la haine, mais une sorte de méfiance envers celui qui nous est inconnu et dont on craint qu’il ait à notre égard des sentiments inavouables. La voisine juive avait fort bien compris cela, de longue histoire. Elle savait qu’il n’y avait que bienveillance et tendresse de l’une et l’autre, que la méfiance envers autrui ouvre la porte à l’amalgame involontaire, au malentendu, à la division, mais qu’il faut savoir raison garder, et maintenir haut la flamme de l’amour et l’humanité de la raison.

 

En essentialisant les musulmans le texte auquel vous avez apporté votre caution a offensé la mémoire et l’œuvre de mes parents, il a offensé celle de cette voisine juive de mon enfance. Il a offensé tous les musulmans (bien que je n’aie rien à faire des nombreux haineux parmi eux). Il offense enfin, et leurs donne un sacré coup de couteau dans le dos, tous ceux parmi nous, femmes et hommes de bonne volonté, juifs et musulmans, tellement nombreux malgré les apparences, qui travaillons au quotidien à la concorde entre les peuples.

 

 

Cher Éric-Emmanuel Schmitt,

 

Afin de lever toute ambiguïté -et il est malheureux pour un Arabe de systématiquement devoir se justifier de je ne sais quel antisémitisme consubstantiel­- je précise que mes familles, paternelle comme maternelle, sont d’ascendance juive andalouse, converties à l’islam vers le 15e siècle. J’aime me revendiquer comme autant juif que musulman, revendiquer mon africanité, ma berbérité, mon occidentalité, moi qui suis blanc de peau et aussi naturalisé Français. J’aime souligner qu’en définitive je suis tout simplement Citoyen du monde, et que les identités sont faites pour être partagées et pour enrichir l’humanité. Je veux énoncer à la face de toutes les âmes malintentionnées parmi les politiciens, les gens de médias faiseurs d’opinion, et les philosophes de pacotilles en col blanc, que juifs et musulmans ne sont pas voués à devenir ces ennemis haineux auxquels ils voudraient nous vouer. 

 

 

Cher Éric-Emmanuel Schmitt,

 

Voilà finie ma lettre ouverte. Mon but n’est pas de vous mettre dans la gêne, et ce message n’attend de vous ni réponse, ni excuse, ni justification, ni renchérissement polémique stérile.

 

Toutefois, il est vrai, un mot, juste un mot, qui rassure les musulmans sur le fait que, à l’instar des haineux qui vous ont piégé, vous ne cherchez pas à faire d’eux des parias -pas vous!- ; un mot qui rassure vos lecteurs et tous ceux qui savent votre noble humanité ; un mot qui les détrompe du sentiment que stigmatiser autrui serait une chose validée par vous ; un mot, un tout petit mot de vous : ferait du bien.

 

 

Sincèrement.

 

Younes BENKIRANE

 

 

Viol collectif dans un bus à Casablanca : Où va mon pays ?!

Younes BENKIRANE - BILLET DE BLOG 21 AOÛT 2017

 

 

 

 

Premier fournisseur de terroristes au monde ; tchermil ; incivisme ; agressivité...

...Et maintenant viol collectif dans un bus à Casablanca.

Où va mon pays ?!

 

 

 

 

Il ne s'agit pas de tout noircir au beau pays des contrastes, mais ces noirceurs sont particulièrement denses, de plus en plus nombreuses et, surtout, sont de ces noirceurs qui s'inscrivent dans la durée et la fonceur. Au point de pouvoir devenir multigénérationnelles, pour ne pas dire civilisationnelles. 
De cela les autorités marocaines portent une lourde, immensément lourde responsabilité. A commencer par Hassan 2 et Basri qui ont méthodiquement asséché l'instruction dans notre pays, et abandonné le petit peuple à l'anarchie du tibikha. 


Ces autorités là, gouvernement et administrations, sont à la fois criminelles de par le résultat de leur action, mais aussi et surtout, et ceci explique cela, incompétentes, corrompues, mafieuses. Et surtout à ce jour encore protégées par l'impunité qui sévit depuis Hassan 2. 
Nous attendions que sous M6 cette impunité des responsables au moins soit balayée. Que leurs lettres de noblesse soient redonnées à l'instruction, à l'enseignement et au droit. 
Mais fallait pas trop rêver.


Nous savons que l'initiative peut venir du roi seul. Qu'il a seul l'autorité et le pouvoir d'en décider et d'en assoir l'application et les structures. Mais d'évidence la question se pose, avant même de savoir s'il le veut : en est-il capable ?!
Notre pays semble s'inscrire cette fois de manière irrémédiable dans une pente de sous-développement dont il sera impossible de se relever. Ce n'est plus une question de petites politiques et calculs, de petits budgets ou de petites punitions. Ceux qui me connaissent savent que depuis la mort de Hassan 2 j'attends que soit proposé à ce peuple un grand dessein, un grand projet de civilisation qui implique toutes les structures et les force vives "de la nation", afin de remettre non point le seul pays, mais plus encore le peuple, sur les rails du sensé, de la cohérence, de la pensée, du civisme, de l'éducation, de l'instruction, de l'émancipation, du respect de l'autre, de la réflexion, de l'intelligence, du savoir, de la production culturelle; que cela commence par l'école... 
Et par la télévision qui est le compagnon numéro 1 du marocain lambda. 


D'évidence, ce choix n'a donc pas été fait. Et ne semble pas devoir l'être de si tôt. 
Rechercheriez-vous le chaos ? La révolution ? Le désordre ? L'anarchie ? Voire une guerre civile ? Car cela ne peut durer. La cocotte explosera nécessairement un jour si rien n'est fait. Or il n'existe pas aujourd'hui de structure politique en mesure de canaliser l'énergie dévastatrice qu'il en résultera. Ni pour proposer un cap, une méthode, des moyens, une éthique, un horizon. 
Majesté, votre père porte sur ses épaules la responsabilité d'avoir voulu et organisé l'obscurantisme dans lequel nage aujourd'hui le Maroc; vous en porterez, vous, la responsabilité d'avoir su et vu, d'en avoir palpé les résultats calamiteux, et de n'avoir pas fait, au delà des investissements d'infrastructure routière notamment, le nécessaire. D'avoir laissé votre plus proche cercle se sucrer aussi indécemment qu'imaginable aux dépends des intérêts vitaux de notre peuple. 


Quand un peuple se met au viol collectif, quand la moitié de son humanité -la femme- est bafouée, méprisée, mise de côté du point de vue de ses libertés, de sa rémunération, alors que sa productivité est en 1000 endroits supérieure a celle des hommes ; quand chaque fois qu'il y a un attentat le marocain s'effraie à la seul idée qu'il puisse encore s'agit d'un marocain... et que cela se confirme ; quand des filles se font agresser dans les rues du pays pour la seule raison qu'elles portent un jean et un tee-shirt ; quand des hordes se promènent dans les rues de la ville armées de sabres ; quand des taxis au vu et au su de tous arrêtent un véhicule et en rabaissent le chauffeur en toute impunité ; quand les mafias de l'immobilier réduisent des familles à la pauvreté en s'accaparant tous leurs biens ; quand le chômage vise la quasi majorité de la jeunesse ; quand juges et avocats sensés protéger les citoyens contre les injustices sont eux mêmes dans une très large proporttion corrompus ; alors il y a urgence avant que ça ne pète. 


Magnez-vous !
Il y a urgence. 


IL Y A URGENCE !

 

 

 

Maroc : une révolution urgente et légitime

TRIBUNE

Par un groupe de militants engagés pour les droits humains

publié le 22 avril 2011 à 0h00

 

Maroc : une révolution urgente et légitime

 

Les soulèvements tunisien et égyptien, puis de nombreux autres en cours dans l’espace géographique arabe et méditerranéen, ont ébranlé des régimes qui se sont caractérisés par la corruption et la tyrannie, ainsi que par des politiques économiques, sociales et sécuritaires qui ont fait de leurs populations des sujets privés des droits élémentaires à la citoyenneté, la liberté et la démocratie. Le bilan politique et social de ces pays sur ces cinquante dernières années est cruel : pauvreté, chômage, analphabétisme, corruption, arbitraire, discrimination sexiste, répression, émigration, régression culturelle, intégrisme, dépendance économique et politique, musellement de la presse, détention arbitraire, torture, liquidation des opposants…

 

Bien que des nuances soient à apporter selon les spécificités de chaque pays, le constat est le même : c’est l’échec cuisant des régimes post-indépendances. Des générations entières en ont fait les frais et leurs jeunesses clament aujourd’hui avec détermination : ça suffit ! Elles revendiquent leur droit inaliénable à la citoyenneté pleine et entière, à la dignité, la liberté, l’égalité, la justice et la démocratie.

 

Au Maroc, le règne de Mohammed VI avait apporté à ses débuts quelques lueurs d'espoir : limogeage de Driss Basri ; libération de détenus politiques et retour dans sa patrie d'Abraham Serfaty ; politique volontariste en termes d'infrastructures ; réforme du code du statut personnel améliorant la condition des femmes… Mais, en l'absence de changement profond d'un système où le makhzen a continué de régir en maître, ces réformes ne se sont pas attaquées aux fondamentaux absolutistes du régime, et leur rythme s'est vite essoufflé. C'est ainsi qu'emprisonnement et torture ont repris ; des organes de presse ont été contraints à la disparition ; des journalistes condamnés à la prison ou à des indemnités colossales ; l'affairisme et l'enrichissement des proches du Palais se sont accélérés… Le message est clair : la récréation est terminée !

 

C'est pourquoi, dans la lancée de ce printemps arabe, au Maroc, le mouvement du 20 février est né, initié par une jeunesse volontaire et pacifique, déterminée à conquérir ses droits. Ce mouvement a vite rassemblé autour de lui les forces de progrès : jeunesse, société civile, partis de gauche, mouvements de femmes, mais aussi islamistes, tous ralliés au mouvement et à ses revendications. Une force alerte, vigoureuse, compacte et déterminée est en marche. Vigilante à ne se laisser récupérer ni par les partis, ni par les islamistes, ni par les associations qui ont adopté son combat. Cette force n'est pas près de se tarir. Au contraire, elle se densifie de jour en jour. Ainsi, les manifestations du 20 février, renouvelées chaque dimanche depuis, n'auront été qu'un hors-d'œuvre à l'affluence de celles du 20 mars et préfigurent de l'ampleur de la mobilisation des 24 avril et 1er mai prochains.

 

Les promesses de réforme annoncées par le roi dans son discours du 9 mars ont entrouvert des fenêtres qui ne sauront enrayer le mouvement. En effet, les promesses de révision globale de la constitution ont été vidées de leur sens dès le lendemain par M. Manouni, président de la Commission de révision, nommé par le roi, qui a assuré que seules des modifications de forme et limitées seraient apportées à la Constitution. Les membres de cette Commission sont nommés par le roi et sont, pour l'essentiel, acquis au pouvoir. Surtout, le discours n'a pas répondu à la revendication essentielle exigeant une monarchie parlementaire où le roi règne mais ne gouverne pas. Et donc à l'exigence de séparation des pouvoirs, notamment religieux et politique, qui implique la fin de la «Commanderie des croyants», clé de voûte de la monarchie absolue et de droit divin. Il a au contraire affirmé «la sacralité de nos constantes» et des référentiels «immuables». Enfin, il n'a pas annoncé la fin du quasi-monopole du pouvoir politique sur les affaires économiques, cause d'un enrichissement insolent et du pillage du patrimoine national. La révolution en marche aujourd'hui, dont la revendication centrale est l'instauration d'une monarchie parlementaire, vise un système, dans son maillage absolutiste, qui a démontré son pouvoir de nuisance. La violente répression du 13 mars puis celles qui l'ont suivie ont prouvé que la coercition ne fera qu'exacerber colère et protestation et aboutir à une violence non maîtrisée pouvant déboucher sur une confrontation ouverte. Le bain de sang libyen est là pour nous rappeler les voies à ne pas suivre.

Nous venons en ces circonstances dénoncer toutes les forces conservatrices qui cherchent à semer la peur et le chaos. Nous voulons rassurer celles et ceux qui s’inquiètent de cette vague libératrice en leur disant qu’elle ouvre des perspectives uniques de renouveau et de progrès. Le Maroc a besoin d’une rupture avec le régime qui lui est imposé, non d’une réformette constitutionnelle octroyée. Cette révolution veut aboutir. Sans violence mais aussi sans tarder. La contrarier, c’est exposer le pays à toutes les dérives. En ces circonstances historiques, les directions de l’Union socialiste des forces populaires et du Parti du progrès et du socialisme, usées par des années de servilité, devraient prendre la mesure de cette mobilisation et choisir leur camp en entamant d’urgence leur propre révolution interne, faute de quoi, elles risquent de se couper définitivement à la fois de la jeunesse marocaine et de leurs propres bases. La révolution en cours peut encore être collective. Le temps de la servilité est terminé. Est arrivé celui de la démocratie et de la dignité.

 

 

Signataires : Fouad Abdelmoumni, économiste ; Bachir Ben Barka, enseignant universitaire ; Younes Benkirane, journaliste ; Abderrahim Berrada, avocat ; Hayat Bousta, ancienne exilée, forum Vérité et Justice ; Aboubakr Chraibi, enseignant ; Hassan Hadj Nassar, ancien exilé, fondateur de l'Asdhom ; Hakima Himmich, acteur associatif ; Ibn Kafka, bloggeur et juriste ; Abderrahim Jamaï, avocat, ancien bâtonnier et président des barreaux du Maroc ; Kamal Lahbib, personnalité du monde associatif ; Larbi Maaninou, ex-exilé et enseignant ; Aziz Enhaili, politologue, chroniqueur, et analyste ; Karim Tazi, chef d'entreprise.