Nuages

 

Les nuages, lorsqu’ils se croisent

Lorsqu’ils se fondent l’un en l’autre :

Font-ils l’amour ?

 

L’orage est-il l’expression de leurs ébats,

Le tonnerre celui de leur jouissance ?

L’automne est-il pour eux la saison des Amours

L’été, celui de leur hivernage ?

 

Le ciel est-il leur couche, leur plancher ?

Comme il est pour nous notre toit

 

Les vents :

Sont-ce leurs effleurements, leurs tendresses ?

 

Lorsque la brise les éloigne l’un de l’autre, se boudent-ils ?

Ou se prélassent-ils de leurs ébats ?

 

La terre est-elle pour eux un théâtre

Comme le ciel est pour nous un cinéma ?

 

L’horizon est-t-il leur refuge

Lorsque le ciel s’éclaircit ?

 

Les pluies :

Sont-ce leurs larmes face au spectacle de nos vies ?

 

 

 

Toi

 

Il y avait Mozart et Bach et Picasso

Et de Vinci et Magellan

Jésus, Averroès et les Beatles

Il y avait Flaubert et Mahomet

Et Otis et Ziryab et Lao-Tseu

Gibran, Sisyphe et Abdelwahab étaient là

Également Ghandi, Cléopâtre et Neruda

Il y avait le monde

Et foule autour de moi

Et au milieu :

Il y avait Toi

Mon inconnue Clapotis égaré

Dans la tourmente d’une vague folle éperdu

L’on s’est

Promptement reconnus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dis, Maman

 

Dis, Maman,

Quand l'on regarde le ciel est-ce bien toi qui nous regarde ?

Quand l'on rit, est-ce parce que ton amour nous rassure et protège ?

Quand l'on pleure, est-ce parce que ton amour nous manque et que l'on se sent soudain si nu ?

Quand la poésie nous allume, est-ce par le souvenir de ton amour nous guidant à travers l'épreuve ?

 

Dis, Maman,

Est-il vrai que notre humeur est le reflet du souvenir de toi ?

Que nos peurs sont un manque de toi ?

Que le chant des oiseaux est le son de ta voix ?

Que nos échecs ne seraient rien si tu avais été là ?

Et que la fragrance des champs est le parfum de ta peau ?

 

Dis, Maman,

Peux-tu dire au Ciel de bien vouloir nous roffrir un peu de toi ?

Pour nous sentir un peu moins seuls,

Pour nous savoir aimés,

Pour être plus forts,

Pour nous sentir plus beaux,

Pour t'entendre nous rassurer quand l'on trébuche,

Pour nous pousser à prendre les chemins,

Pour alimenter nos cœurs,

Pour illuminer nos âmes,

 

Dis, Maman,

L'immensité du ciel, est-ce toi ?

Les étoiles, sont-ce toi ?

La lumière, est-ce toi qui fredonne ?

La nuit, est-ce l'absence de toi ?

 

Dis, Maman,

Ces enfants que l'on tue,

Au Yémen, en Palestine, en Syrie,

Serait-ce que leur meurtriers n'ont jamais eu de maman ?!

 

Dis, Maman,

Ces migrants que la mer avale,

Serait-ce parce que le ciel ne sait pas de Maman ?

 

 

 

Muse de moi

 

 

Muse de moi

Torrent d’étoiles au chaud de la nuit

Taisant de la rue les vacarmes

Aux sons de tes do

Des rais et des sol

De l’harmonie de ton âme

Qui rebondissent

Sur le brasier de tes hanches

 

 

Muse de moi

Tu vrilles mes cordes plaintives

Pour y composer un air de douceur

Je bouscule tes peurs, tes dérives

T’en fais un sonnet de couleurs

 

 

Muse de moi

Offre-moi un pays

Aussi bleu que le ciel de ta peau

Aussi vif que la braise de ton corps

Aussi vert que la paix de ton âme

 

Et

 

À l’inculte et frustré

Qui tout autour de nous sommeille

Aiguisant néanmoins ses dagues

Au vu et su du seigneur pétrifié

Immobile et taiseux

Convie les sorts

 

Et bâtis un trône du ciel de ta peau

 

Illumine-le de la braise de ton corps

 

Habite-le de la justice de ton âme

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
أتى اللَّيلُ بصمتِه و الشَّجرُ يهتف
فشعرتُ بوحدانيتي و كم من صديق لي
أرمتني ذاكرتُهم أم الليلُ طغيانُ؟
فقدتُ راحَتي و شِعري، فتساءلتُ:
هل ذاك حبُّ، هل هذا صِدقٌ
يا ليتَه ماضٍ، يا ليته زمانُ
ارى في العين شهقاً و في الدَّمع هو أملُ
امّا الليلُ فهو حلم لا يُغْني و لا يرفرفُ زهورُه
لا يُغَنّي فيه الاّ الشمعُ المتدلِّلُ
فقلتُ للصباحِ: اهلاً، يا حياةُ
لا يسرُّني الاَّ حبُ الاُناس
فمرَرتُ بطريقٍ يضحك فيه الطيورُ
ضحكَ الاُنس و فرحَ الاشتياقِ
 
 
لم ارَ في عينيكَ دمعةً
و دموعي، أتعلَم، اصبحت بحراً
أَلِلألَمِ مَعنى، أَلهُ حلٌّ ؟
 
لم أَرَ في قلبِكَ لمعةً
و قلبي مملوءٌ كلُّه نجوماً
أَلِلفرحِ سرٌّ، أَو له طموحُ ؟
 
شعَرتُ، يا حبيبي، بِصمتِ حُزنكَ
اَهٍ لو كان شِعري بقادرٍ على قتلِ الألَمِ،
لبدأتُ بِطَردِه، بوُرود يدَيَّ، من عُمقِ جسَدي
فَهاكَ، خُذ، يا شَقيقَ الأملِ، سماءَ صِدقي
و فرِحَ نجومِ قلبي
 

 

Un coeur

 

Un cœur qui bat

Un cœur qui boue

Un cœur qui s’ébat

Un cœur qui souffre

Un cœur qui chante

Un cœur contre un autre cœur

Un cœur qui rit

Un cœur qui pleure

Aussi

 

Un cœur de miel

Un cœur à chœur

Un cœur en chœur

Un cœur en hiver

Un cœur ouvert

Un cœur à cœur

Un cœur, tendre

Aussi

 

Un cœur qui chante, encore

Un cœur qui chante Toujours

Un cœur tout rouge

Un cœur tout vert

Un cœur qui ne demande rien

Sinon qu’aimer

Un cœur fou :

Pour sûr !

 

Un cœur solaire

Un cœur céleste

Un cœur tous sangs debout

Un cœur tous muscles tendus

Un cœur de jour

Un cœur la nuit

Un cœur tout chaud

Même pris à froid

Aussi

 

Un cœur pour toi

Un cœur pour nous

Un cœur de soie

Et de velours

Un cœur à corps

Un cœur à cris

Un cœur de gaité de cœur

Un cœur pour tous

Un cœur sur les lèvres

Un cœur sur la main

Un cœur si le cœur vous en dit

Un cœur qui saigne quand l’obscurité

Aussi

 

Un cœur qui sait sa chance d’aimer

Un cœur-album à feuilleter

Un cœur-recueil en prose et rimes

Un cœur-buvard pour vos sanglots

Aussi

 

Un cœur-canson un cœur toilé

Un cœur à l’ouvrage

Un cœur à ouvrir

Ouvrir tout vaste

 

 

 

 

A la six-quatre-deux

 

D’un pas de deux

En deux pas trois mouvements

Et bien que pris entre deux feux

Je ne fis ni une ni deux

Et montai les marches quatre à quatre

 

Bien qu’ils fussent six à la douzaine

S’étant mis sur leur trente-et-un

Et tirés à quatre épingles

Bien que je fusse pris entre deux feux

Et que mon habit fut neuf

Je me dis : à vilain vilain-et-demi

Et en un mot comme en cent

Sans passer par quatre chemins

Me souvenant que cinquante brebis sans un berger

Ne faisait pas un troupeau

Tape cinq ! me dis-je finalement

Et à mille lieux de pouvoir le prédire

Je leurs fis passer un sale quart d’heure

 

Nous fîmes ainsi la une des journaux

Ce fut pour eux trois fois rien

Qui nous reçurent cinq sur cinq

Mais il en manquait finalement un


Je l’avoue donc à demi-mot :

Je dus alors faire appel à une sorte de sixième sens

Corroborant que c’était bien lui le troisième homme

D’évidence, un mouton à cinq pattes Et

Bien que m’en foutant comme de l’an quarante

Je devinai qu’il avait le cul entre deux scelles Et

Qu’en un mot comme en cent

À la six-quatre-deux tout du moins

Coupait les cheveux en quatre

Cherchant midi à quatorze heures

 

Vingt-deux ! m’écrie-je alors

Remettant de la sorte les compteurs à zéro Et

Voyant que je ratais ma dixième muse

Une déesse de trente-six carats qui s’en allait laisser séduire

Par un satané bouillon de onze heures

Qui ferait de moi la cinquième roue de son carrosse

Croyant pouvoir s’offrir mille folies

L’amenant faire les quatre-cents coups

Gaspiller des mille et des cents

Tout en se moquant du tiers comme du quart

 

Je sus ainsi qu’à trop nager entre deux eaux

À trop courir deux lièvres à la fois

L’on finit par brûler la chandelle par les deux bouts

Manquant bien sûr sa mille-et-unième nuit

Sans même atteindre au septième ciel !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La vie, l’amour, la joie

 

C’est la fleur empressée d’éclore

C’est mon âme assouvie de lumière

Et mes mains tendues de tendresse

La bouteille empressée d’enivrer

La femme qui de tout son cœur tremble

L’amant en attente de l’amour

C’est le vent qui sur l’eau fait du ski

La page et la plume en attente des épousailles

Le poète nullement empressé de conclure

Le drap en attente du corps

C’est le corps dans son humble nudité

Le miroir s’apitoyant sur ses imperfections

L’enfant en attente de son lait

Un arbre qui chatouille le ciel

Le mendiant qui s’en fout de la pièce à ses pieds jetée

Un peuple en combat pour sa liberté

La liberté jouant à cache-cache

La grâce se jouant de nous

Le vent fouettant le sable

C’est l’hiver qui ravive

C’est le froid dans le dos

C’est toi et moi et nos lèvres et nos peaux

C’est les guerres pour des oripeaux

C’est Ali, Igor, Indira et Lucy

Et David, Malaika, Maria-Clara et Rani

C’est Liang et Tom et Aleshanee

C’est la justice en arrêt maladie

Et la liberté par contumace

Un SDF dans la nuit noire

Un migrant sur la mer bleue

C’est le mal et le bien

Et le supplice et l’éclat de rire

Une rose rouge sur une terre verte

C’est l’arc-en-ciel en son regard

C’est un nuage égaré jusque tard

C’est la vie

 

C’est le ciel de minuit

C’est danser à midi

C’est ton cœur et le mien

Et le plongeon, nus

Dans les vagues sous un croissant de lune

 

 

 

Un poème gratuit

Ou un stylo asséché

Parfois le désir et parfois l’oubli

Ou une lueur

Au cœur de la nuit

Une lanterne au vain du chemin

Ou un parfum pendu

Au galbe de ton cou

C’est une gorgée de ton sein

C’est une vitre embuée

De la chaleur de ton souffle

Du jasmin de ton âme

Et de l’âme de l’ami

C’est la liberté et l’amour

C’est toi et moi

C’est notre gratitude

C’est l’amour

 

C’est le clapotis de tes do

C’est mes volutes de sol

Composant un arc au ciel s’effilant en perles de pluie

C’est ton rire dans le chaud de la nuit

C’est mes larmes de gratitude

C’est le gazouillis de l’enfant

C’est les étoiles dans ses yeux filantes

Des merles espiègles pour cordes de guitare

Un rayon de soleil sur l’Arctique

Une danse entre tes bras

De mes doigts affleurant ton cou

C’est la pluie sur la terre asséchée (Petrichor)

C’est une perle de rosée d’entre tes seins roses

C’est cette oasis, égarés dans le désert

C’est une forêt de cerisiers en fleurs

Un nourrisson saisissant le sein

De sa mère à mains gourmandes

C’est le bateau criant terre !

Le migrant touchant enfin plage

Un coureur sur la ligne d’arrivée

Le menu larcin gracié

L’innocent recouvrant sa liberté

Le mendiant recevant son obole

La main tendue pour relever

C’est toi et moi solidaires

C’est la joie