Couple célibataire
Elle voulait le bonheur
Seulement lui : voulait le bonheur aussi
Elle disait blanc Quand lui par contre : disait plutôt blanc
Elle voulait avoir raison Toujours
Lui non plus
Horizon
- Promets-moi de nous rendre heureux
- …
- …
- … Promets-moi de l’être
Idéologues
- Et si l'on s'attelait à reconstruire le monde, hein ?
- Nous devrions commencer par tout défaire …
- Euh, oui !
- On détruirait les bidonvilles, les palais, les plages
personnelles ? …
- Les prisons et les allées marbrées …
- Oui : la haine, les racistes, les scélérats. Les gens
mauvais …
- Les charognards, les crotales, les orties, les cactus
acérés …
- …
- …
- Et même les fleurs ? Dis
Manèges
Viens dans mon logis
Loge dans ma vie
Dors dans ma loge
Longe ta peau d’or
Fais lit dans mon nid
Féline ma bénie
Nouons nos vies
Vouons-nous nos nids
Mange dans ma main
Mon ange de jasmin
Plonge dans ma candeur
Essange mes ardeurs
Intransitives
Verse-moi dans ta coupe et bois-moi
Danse-moi jusque ce que transe s’ensuive
Pleux-moi sur tes lèvres Cascade-moi le long de ton cou
Puis neige mon corps de ton feu Moi
Je pharerai tes elfes Vigierai sur ta peau
Maréerai tes rivages Houlerai tes radeaux
J'éboulerai tes spasmes de clapotis subtils
Jusqu'à ce que tous deux
Nous zénithions unis Afin
Qu’avant qu'on ne nadire
L'on rephénixe ensemble
Fragrances
Tu poitrines ma pensée
Tu aréoles ma peau
Tu lèvres chaud mon cou
Tu arc-en-cielles mon ciel
Tu horizonnes mon âme
Et musiques mes poèmes
Constelles mes ritournelles
Et textes mes chansons
Et si parfois Toute désinvolture
Tu giboules mes peines et cataractes mes radeaux
Jusqu'à du funambule Sectionner tous les fils
Le veux te le dire le redire L'écrire
Continûment ma mie Mon oeil mon azur
De magiques bigarrures
Tu allégresses mes jours
Mer-d’huiles mes esquifs
Et d’ensorceleuses étoiles tisses
Le firmament des alcôves de mes nuits
Lune d'amants
Deux amants se promirent la lune
Ils virent qu’il n’y en avait qu’une
Aussi la partagèrent-ils en deux
Deux amants eurent chacun une demi-lune
Mais ils s’en étaient promis chacun une
Aussi se chamaillèrent-ils tous deux
L’Être est ainsi fait
Qui ne s’y fait jamais
Alcôves
Vivre à deux
Et se sentir tellement seul
De jeux et de guerres
Je belotte
Tu yam's
Il scrabble
Nous rubick'scubons
Vous yhatzeez
Ils meurent
Je m'usulme
Tu serpes
Il croasse
Nous bossnions
Vous herzégovez
Ils meurent
J'Owen sans doute
Tu Vances certes
Il Karadzic à coup sûr
Elle Milosevic sans peine
Nous Morillons à peine
Vous Forpronusez tant
Ils meurent avec bruit
Elles meurent
En silence
Je Clintonne
Tu Boutrosses
Il Majôre
Elle Tâte Cher
Nous Mitterrons
Vous Sarkozez
Ils meurent
Elles
meurent
Je forpronuse
Tu finules
Il onue
Nous minursons
Vous palabrez
À ma-planète
… ils-fou-tent-le- feuuuuuuuuuuu ! !
De feux et de guère
J’onue
Tu éfèmies
Il g-huite
We are the world
Vous banquemondialez
Ils crèvent
Je riz
Tu riz
Il riz - jaune
Nous cacaons
Vous cafez
Ils crèvent
Je Senghore
Tu Marxes
Il Hutue
Nous Benbarkons
Vous OUez
Ils crèvent
I have a dream
Tu Ghandies
Il Mandela
Nous sociétécivilons
Vous microcrédiez
Ils crèvent
J’ore jaune
Tu ores noir
Il or blanc
Nous diamons
Vous gazez
Ils crèvent
Encore et toujours
Fortunes
Je voudrais à mes adversaires
Opposer un sourire joyeux Expansif
À mes ennemis S'il en était
Interposer une fleur
au bout d'un fusil désarmé
Composer un bouquet
J'y vois une rose
Rose
Avec un brin de muguet
Blanc
Un autre de mimosa Jaune
Ajoutez-y un coquelicot s'il vous plait
Rouge
Sans oublier une rose Pourpre
Une orchidée Violette
Et quelques brins d'herbe Verte
Pour ensemble nous assoir Éblouis
De réconciliation Veloutée Satinée
Sous un ciel limpidement Bleu
Fut-il sombre-obscur Gris
Aux géants cumulus Noirs
Sur cette terre cendre et marron Ocre
Y partager un quartier d'orange Sanguine
Sous un soleil doux et chaud Orangé
Un ciel clair et solaire Indigo
Et
S'il devait pleuvoir
Alors des gouttes d'arcs-en-ciel
Des camaïeux de couleurs vives et pâles
Des senteurs subtiles et suaves
Des arpèges de do De ré De fa-sol-la-si-do
Et dans le rire-ensemble Souscrire que
Nos oppositions sont un si rien
Nos conflits un si peu
Nos haines un si vain
Nos rancœurs un si oiseux
Nos offenses un si odieux
Et dans le partager Discerner que
Épouses compagnons et chérubins
Et mères et pères et sœurs et frères
Et voisins et cousins
Et tant d'amis
Et d'inconnus
Et d'inconnues Si bons Si beaux
Si belles
Et qui tous Eux
Comme vous comme moi comme Elles
N'aspirent qu'à vivre
En Paix
Epi de blé
Sur sa longue tige toute de pudeur élancée, l'épi reposait.
Couleur bonté et parfum or. Or, de la couleur de ses yeux ne me remémore … mais de la couleur de sa voix encore.
Combien de merles et de rouges-gorges s’y ébattaient, combien de sirènes s’y pâmaient ? Combien de notes sublimes s’y distrayaient ?
- “Vous pensez : fines mains que celles qui m'ont pétrie n'est-ce pas ? ”.
J'ai pensé : “Flétri l'œil, Madame, que vous n'avez ébloui … c’est bien ça. ”
Sur sa longue tige hâlée deux corolles de coquelicots voletaient, qu’un voile de satin blanc dérobait. J'imaginai les sables embarrassés de ses dunes troublées, alors. Je les revois encore, et l'arbre de son corps serti de fruits d'or. D'un zéphyr le galbe et le mors. Le galbe, à cris et à cors.
- “Vous me semblez confus, Monsieur”.
- “Votre parfum m'infuse, Madame … ”
De précieux et suaves souvenirs vinrent me préoccuper : mon épillet avait sa silhouette et l'exact vertige de sa voix, au creux des joues le même arceau et, de sa robe le teint et du regard l'authentique parfum.
- “Mais, dites : à quelle enivrante souvenance Monsieur donc est-il livré ? … ”
- “Médite vos lèvres Ma Dame … combien d'existences auront-elles enivré ? ”
Le velours de sa peau m’avait semblé complice, mais il ne s'est laissé effleurer. Ses lèvres étaient malice mais n'ont daigné se confier.
Et je souffrais moi : la faux, l'excepterait-elle la faux ? Elles sont si bêtes les faux. Fauchent la terre et le blé, la mauvaise herbe et le lys …
J'ai pensé : “je vous laisse l'orge et l'avoine, le seigle et le sorgho, prenez tout et faites-en or et diamants, perles et rubis, de grâce emportez tout … mais laissez-moi ce si délicieux épi”.
Et je broie encore et je ride déjà : combien grande est ma peur que, demain, ce si charmant épi ne me reconnût pas !
- “Vous me supposez là mon ami bien peu de vertu ? … ”
- “Votre vertu, ma Mie, n'osais projeter. ”
Passèrent les heures, advint la nuit. Des étourneaux de sa part vinrent, qu'elle ne craignait les faux m'annoncer.
- “Vous devez penser : souverains ces rayons dont ma chair s’est dorée ? ”
J'ai pensé : “Vaine cette chair mienne Madame, qui ne s'y est égarée”.
Elle était sirène incendie, mais non sans quelque suprême ne se voulut qu'épi. Je l’admets à présent : sans doute ne fut-elle qu’utopie ?
Une esquisse effaça son sourire et l'atmosphère subitement se fit oppressante de dépit : un importun zéphyr subrepticement survenu emporta mon épi. Et à un cactus asséché me livra ébaubi.
- “Hé ! … Là ! … Mon âme, attendez ! »
Seulement la retenir j’ai voulu :
- “Je voudrais vous dire … Madame ! ”.
Mais je sus bien me tenir.
Elle, n’eut pas même un sourire.
… ma Dame
A l'ombre des vergers en fleurs
Je marchais sur la grève sans encombre
Les vagues clapotaient sous la voûte rubiconde
Qu'un soleil mandarine habillait de pénombre
Elle me suivait là pas à pas Fidèle mon ombre
Ensemble nous émondions les couleurs furibondes
Que sur le sable de verre nous prétendions parfondre
Nous cueillions au ciel ses étoiles rieuses et fécondes
Que dans nos mains joueuses nous échouions à confondre
Quand brusquement une pensée Subreptice Vagabonde :
La recherchai en vain la traîtresse La vilaine l'immonde Mais
À l'évidence je dus Bien ébaubi me rendre
: Je venais misérable D'égarer mon ombre
Elle m'avait pourtant suivi çà et là Toujours fidèle mon ombre
Sans jamais prendre ombrage ni Jamais me faire de l’ombre
Ne décochait le moindre orage Ne me réprimandait en nombre
Jamais je le jure je n’avais craint qu'elle m’obombre
Fut-ce lorsque de moi-même … ne fus plus que l’insignifiante ombre
Mais me voilà là ce jour Tel un bouquet monandre
Errant seul terrifié Contraint à m'abscondre
Par l'idée affolé que Si l’on nous dénombre
Mon ombre et moi Sans l’ombre d’une ombre
Sommes devenus désormais Distinctement deux !
Oh ce n'est point niaise question de nombre Et
… Je ne voudrais me morfondre Mais
Depuis qu'elle s'est dérobée mon ombre
Ma vie est un désert Mon essence s’en effondre
Je rase dorénavant les murs Les sols
À la courir comme une ombre
Sans en oser prendre ombrage
Afin qu’elle ne me gronde
Et voilà qu’aujourd’hui passés
Jours et semaines en nombre
Des sables de juillet aux feuilles Mortes de novembre
Je vogue et dors enseveli Sous mes propres décombres
Errant délirant lui chantant
À tue-tête
L’implorant à entendre
Qu’elle me doit de sursoir De jouer à s’abscondre
Que j’en deviens marteau parano schizo
Hypocondre
Qu’elle me pardonne m’absolve
Qu’elle condescende à répondre
D’amour ou d’indulgence de grâce Qu’elle consente à ré-appondre
Afin que nous puissions promptement Re-cheminer ensemble
Main dans la main sous midi
Au zénith nous confondre Et
Au crépuscule allongés
De nouveau nous éprendre
… À l'ombre des vergers en fleurs