Ecoutez
Entendez :
« Je n’ai point de certitude que celle de ne devoir en avoir
…En dehors de la nécessité d’aimer »
Dites :
« Au croisement des certitudes pointent les dogmes
Au croisement des dogmes pointent les fanatismes
Au croisement des fanatismes L’Être est cruauté »
Mon coeur est en guerre
Mon coeur est en paix mais mon amour s'épuise de sa propre marche militaire
Chaque pulsation comme un tambour
Chaque inspiration comme un cor
Chaque coulure comme un torrent
Ah ! Si chaque pulsation pouvait être une victoire
Chaque inspiration une espérance pourvoir
Chaque coulure une part de ciel promouvoir
Et Dieu créa l’amour
Il y eut un soir il y eut un matin
Au petit jour : Dieu créa la femme
Il la fit belle et rieuse et sensuelle et légère
Le verbe chantonnant la démarche délicate et solaire
À l’épreuve endurante au sacrifice guère réfractaire
Enthousiaste souriante telle la Terre : nourricière
Dieu vit son oeuvre Et en fut satisfait
Cependant La femme s'ennuyait
De rire seule
De n'avoir pas de semblable à aimer
Alors :
Dieu consentit à créer l'homme
Mais en la femme Dieu avait mis déjà le meilleur
Les courbes le galbe l’allure la douceur
La finesse l’esprit le coeur l’âme Jusque la pudeur
Comment faire mieux ou même aussi bien ? Gageure !
Dieu fit donc l’homme comme Il pût
De fer de pierre de poussière D’ingrédients de femme en son sein
contenus
Dieu vit Sa nouvelle créature Et en fut satisfait
L’homme était d’esprit farouche mais de convenable beauté :
La vigueur certes insolente Toutefois bon hardi et fougueux
Inventif solide entreprenant À la tâche énergique et rugueux
Et par la céleste première-née Subverti troublé même envoûté
La paire ma foi semblait assortie
L’une et l’un par l’autre emballés
Dieu vit l’harmonie de Ses créations et en fût satisfait
Dieu vaqua donc à Ses tâches Quand
Par un curieux grabuge Il fût soudain importuné
: Ne sachant naturellement communiquer
L’homme et sa compagne se chamaillaient
Dieu s’en amusa
: Il vît combien la femme fascinait l'homme Combien malicieuse
elle en usait
Il vît qu’elle l’apaise l’agace l’émotionne Et que l’homme à son
tour s’ennuyait
Concevant alors qu’il leur manquait un idiome Dieu consentit à
leur céder
Un rayon de Sa propre lumière Et
Pour l’harmonie du monde
A créé le plus beau le plus éminent
Le plus raffiné le plus ingénieux
Le plus musical et lumineux des langages
: l’Amour
La mer
La mer à mes pieds se jette
Se dissout en sanglots défaite
Qu’ont-ils à vers mon antre accourir ?
Y tant chavirer s’abîmer s’engloutir ?
De colère et d'embarras elle soupire
Implore mon indulgence s’inquiète
De ma raideur puis se retire muette
La mer à mes pieds s’est noyée
Abandonnant des milliers d’êtres chers
Que je n'avais jamais connus
Mais qu’elle m'a enlevés
Dans une effroyable volée d’enchères
Arrachés à leurs chaloupes ventrues
J’entends l'Orient meurtri
L'Afrique abandonnée
La mer enfler en charivari
Sur les migrants par volumes avalés
La mer à mes pieds se jette
Implore mon indulgence s’inquiète
Avec elle je me recueille
Et nous pleurons les vies perdues
Les destins démolis
Refermons un à un les cercueils
Sur l’Occident l’index tendu
Maudissant sont majeur sailli
Puis au croissant d’une lune amère
La mer s’est de honte pendue
Je la sais encore percevoir
Les cris des enfants aux étoiles suspendus
Et je suis de son dernier soupir la révolte
Et j’écoute du tumulte la promesse
Et me dissous dans la mer
De mes pensées pauvrement humaines
Un petit bout de ciel
J'aime : ne me demandez Qui
ni Quoi
J'aime C'est tout !
L’Être et ses complexités
Les rides des anciens
Courir des choses simples
Instruire millions de pensées
J’aime
Au sourire de l’archange me laisser fasciner
M’abreuver aux éclats de rire de bébé
J'aime : l'amitié Son génie infini
Et j’aime jusque même
Ces amis nombreux qui parfois m’ont trahi Offensé
…Parce que l’amitié ne saurait à quelques trahisons
Se déterminer
J'aime
Sonder le ciel Percevoir
Dans ses aquarelles des messages que nul ne discerne
J'aime Observer les vagues Y cueillir les présents
J’aime Du vent courir les dunes et en leur silhouette
Apprécier les étoffes de sable s’élancer
J’aime Clopiner avec l’averse chanter la coccinelle dessiner un parfum sur un champ d’étincelles de pluie
J'aime Parler au geai conter à la brise fleurette
Leur chant effleurer
J’aime ce saule offrant aux solitaires le répit
Ces ondées de rires de guitare D’une fenêtre ou d’un balcon volés
J’aime
L’épi gorgé de perles de blé Prendre
De ton corps le chemin de traverse mais
Plus encore le chemin des écoliers
J’aime la fleur jouissant aux rais du matin et qui
Aux feux de lune capitule et de vertige se soumet
Ô j'aime l'Amour
Aimer et aussi
Être aimé
J'aime De la Vie ses heures de lumière
De la Vie ses heures d’ébène
Et
Et bien qu’il m’arrivât parfois aussi de m'aimer
J'aime encore plus ces choses menues Qui
Par milliards
Sont l’énigme
Et font l’enchantement de la Vie
Elle m'avait dit s'appeler France
Il y eut un jour Quel jour était-ce ?
En toute Fraternité
Elle m’inspira la joie d’aimer
Aimer En toute Égalité
Elle était fraîche et légère et libre et moi
Moi bien pauvre j’étais
C’était trop beau c’était trop gai et moi
Moi je me méfiais
Craignant de trop m’accoutumer
Me laisser bellement abuser Et
Et moi… je me laissais bercer
Elle était belle et fraîche et libre et moi Moi
J’avais le cœur ouvert et l’âme bée
Que c’était doux que c’était bon
Ses baisers chauds son corps brûlant
Partout où je voguais je ne
Trouvais que Liberté
Liberté Égalité Fraternité
Inscrits partout Partout écrits
Ces mots trop beaux mon Dieu Me poursuivaient
Elle était jeune et belle et fraîche et libre et moi Moi
J’avais le cœur ouvert et l’âme bée
Que c’était doux que c’était bon
Ses baisers fous son lit plaisant
Les nuits en déambulations
Et les journées en excursion Et moi
Et moi bien sûr j’aimais à rêver
Qu’il put un jour en advenir ainsi tout à-la-fois
Du sud à l’est De la mer Méditerranée
Il y eut un jour Quel jour était-ce ?
Je ne m’étais attendu à ce qu’elle devînt ma maîtresse
Que c’était fou que ce fût bon
Ardent itou et flamboyant
Nos flâneries nos cavalcades
Nos dialogues et nos algarades
Elle se fit mienne Et je la protégeais
De tout ce qui aurait pu l’affliger
À mon tour je l’alimentais
De moi le meilleur lui offrais
Ardeur flegme rire joie curiosité
Désinvolture bon-vivre sérénité
À ses yeux enjoués me laissais enivrer
Heureux de l’en voir prospérer
Il y eut un jour Il y eut un autre jour
Elle dit qu’elle se sentait le cœur gourd
Que pour tant et tant Et nombre de raisons
Ne croyait plus en mes calembours
Que sur moi pesaient tant de soupçons
Qu’il m’en fallait partir Préférablement sans trompeter
Qu’elle ne supportait plus mes chansons
Qu’elle ne les avait d’ailleurs jamais aimées
Qu’elle préférait son apéro son Jurançon
À mes cornes de gazelle et à mon thé absinthé
Il y eut une nuit Il y eut un autre jour
M’écrit qu’il en était fini de notre amour
Me traita de bédouin Arabe paysan !
De torve et même et même d’allergisant
Dit qu’à son cœur je n’étais plus rien Et moi
Moi La conjurais de revenir à la raison
Ma chérie mon amour ! Tu es en train de t’égarer
Repose-toi donc un peu vas voir un psy
Si tu le veux viens allons voir du pays
Allons tu es bien trop fatiguée
C’est juste une valls fielleuse qui a dû altérer tes sens
T’es prise le pied dans une sardane Un pas d’odieuse danse
Mais son cœur restait bien trop sourd
Au bannissement me livra À l’opprobre et au tollé
Bien que nos plus belles heures m’attelais à lui remémorer
Elle s’en alla composer Une situation de non-retour
Il y eut une nuit Il y eut un autre jour
Elle était malade et moi Moi je l’aimais
À me déchoir décidait de me condamner Mais moi
Moi mon sac rempli de plus d’un tour
Formellement Je lui rendis sa liberté
Et
Se confronter à son miroir
Je la laissais se condamner
En attendant
…En attendant un meilleur jour
Puis voici peu avec le siècle
Puis voici peu avec le siècle Advînt une sorte d’espoir :
Le retour des exilés
L’éviction des Basseries
Quelques menues réhabilitations de la plume et des mots
incorruptibles
En cet espoir tant attendu Tant certes ont cru
Combien cela dura-t-il ?
La belle affaire !
À l’heure où le soleil se levait sur la mer des gradés sans même
leurs sabots ont investi la Résidence
Sans armes sans feu sans sangs
Ont précipité les lois sur des radeaux en dérive
Retranché les laurés à leurs alcôves
Passé les mots incorruptibles au pilori
Les hertziens n’eurent pas même à revêtir leurs bottes
Et désormais
Que l’on rie jaune ou l’on ‘nie gris
L’on ligne rouge comme par le passé
L’on baqchiche autant
L’on révoque les Tazmamart mais l’on
Sous-traite pour Guantanamo
À toi, Peuple de Mémoire
Ô toi ! Survivant de l’indicible carnage
Cousin ethnique Victime prophétique
De l’intolérance et la fureur des hommes
Martyre d’un Halluciné à demi-baccantes Et
De ses sbires sataniques
Souviens-toi ô mon aîné rameau
Peuple de Mémoire
Cousin ethnique
Victime épique
Écoute :
Ne sois point amnésique !
Rouvre-moi ton coeur et ton âme Et
Écarte ce nous ces prophètes hargneux qui
Creusent notre même sépulcre
Écarte de toi cette peur de moi qui t’aveugle
Écarte de nous ce trauma par ta lourde et légitime mémoire altéré
en fiel
PuisDe ton regard bienveillant
Courtois -et néanmoins sans concession
Concède-moi ton oreille Et
Entends :
« Dans ce délire général
Toi seul peux encore nous sauver ! »
Écoute :
Ce peuple expiatoire
–en qui l’État-Élu a ensemencé d’irrémissibles kamikazes–
Ne se dresse point entre toi et moi Mais
Entre toi… et toi
Entre ta part de lumière et ta part de ténèbres
Entre ton serment de lumière et l’injonction d’immédiat Olympesur-
Terre
Dis :
Déciderait-on de ce que Yahvé veut et de quand Il le décide ?
Cousin ethnique Frère de sang
Frère de sève et de lait
: « À trop vouloir son miroir anéantir
Le Saint-État-Décrété
Y laissera son âme
Bien plus
Que l’Autre n’y en aura laissé »
Écoute-moi ô Peuple de prophétie
Et médite :
« Je ne suis pas Abel mon frère
Ne consens pas à l’État-Élu
D’être en ton nom Caïn »